De nos jours le cinéma est fait d'excès. La surenchère visuelle est devenue un leitmotiv artistique, le sexe et la violence s'affichent sans tabous sur des écrans hauts de trois mètres sur dix, les gens se déplacent pour les sensations fortes que peut leur procurer cet art qui mêle images, mouvement et son. Si cette liberté sans limites évidentes apparaît comme l'emblème d'une société démocratique où la liberté d'expression est protégée, n'oublions pas qu'elle est le fruit d'un long combat dont elle n'est malheureusement jamais sortie vainqueur par elle-même, mais seulement par et grâce à l'évolution des moeurs (...)
[...] Si certaines actions ne doivent pas traumatiser le visionneur, certaines idées ne doivent pas non plus être véhiculées par le art. Les films incitant à la haine raciale ou bien à la pédophilie doivent être censurés sans restriction car au-delà du film lui-même, ils peuvent influencer le public dans ses actes au quotidien et ainsi nuire à autrui. Le cinéma est un art qui ne doit pas être utilisé à des fins destructrices et dans ce sens, la censure doit jouer le rôle de "garde fou". [...]
[...] Cette "autorisation administrative" étant délivrée par le ministre de la culture, après avis de la Commission de classification. Pendant la guerre 1914-18 le bureau de presse créé par le ministère de la Guerre effectuait tous les contrôles. Composé de civils et de militaires, il filtrait toutes les informations destinées à être rendues publiques, et travaillait avec les maires et les préfets en ce qui concerne les films, une commission de censure a été crée en 1916. Le 14 janvier 1976, le Journal Officiel publiait la première liste de films classés pornographiques, comprenant 161 titres. [...]
[...] Au-delà de la passion que peut inspirer le cinéma, il semble intéressant d'étudier la relation chaotique qu'il a toujours entretenu avec les gouvernants, avec l' Etat de manière plus large, qui efface, interdit, coupe, remanie, mais toujours au nom d'intérêts supérieurs à ceux de la liberté d'expression. Le cinéma est un art qui, de par son potentiel de communication (son et image dans une pièce obscure obligent le spectateur à la meilleure attention) constitue une arme non négligeable pour faire passer toutes sortes d'idées et de propos. La puissance que recèle le cinéma n'est plus à démontrer. Si le cinéma subit aujourd'hui une forme de censure, cette censure a toujours été présente autour de ce médiat dès ses débuts. [...]
[...] Il y a d'abord, un critère principal objectif : est réputé pornographique un film qui montre une activité sexuelle non simulée. Mais, il y a aussi un critère subsidiaire fondé sur l'intention de l'auteur, le sujet traité, la qualité de la réalisation. C'est ainsi que l'œuvre du japonais Oshima "L'empire des sens" a échappé au classement dans la catégorie X au regard de ses qualités artistiques. Par contre, c'est sur la base de ces mêmes critères, que le Conseil d'Etat, a considéré que le film "Baise-moi" était "composé pour l'essentiel d'une succession de scènes de grandes violence et de scènes de sexes non simulées, sans que les autres séquences traduisent l'intention affichée par le réalisateur de dénoncer la violence faite aux femmes par la société" et qu'il a annulé son visa d'exploitation. [...]
[...] La loi donne en effet cette compétence aux maires lorsque la projection d'un film est susceptible d'entraîner des troubles dans la commune. Dans les années 60, certains maires ont largement usé de ce pouvoir de police pour veiller à la moralité des spectacles diffusés à leurs concitoyens en interdisant des films tels que "le blé en herbe", ou "la neige était sale". C'est dans ce cadre également que, plus récemment, le film" Le pull over rouge" ou l'œuvre de Scorcèse "La dernière tentation du Christ" ont été interdits dans plusieurs communes importantes. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture