« Certains hommes croient en un dieu. D'autres en plusieurs. D'autres se tiennent agnostiques et refusent de se prononcer. D'autres enfin sont athées. Tous ont à vivre ensemble ». Pour vivre ensemble, trois libertés leur sont nécessaires : la liberté de conscience, leur permettant d'adhérer à la confession de leur choix ou à aucune d'entre elles, la liberté d'opinion, leur permettant d'exprimer et d'enseigner leurs convictions et leurs croyances, et la liberté de culte, afin d'exercer le culte correspondant à leur foi. La faculté pour un individu de jouir de ces trois libertés constitue la liberté religieuse, qui a en France valeur d'un principe constitutionnel.
[...] L'État, autonome par rapport aux religions est donc le garant de la laïcité et de la liberté religieuse. D'ailleurs, on assiste à une demande d'État de la part des autorités religieuses lorsque les Églises veulent faire entendre leur voix dans la société, et lorsqu'elles sentent que leurs croyances sont menacées par les découvertes de la science, par exemple avec la découverte de la pilule abortive RU387, ou agressées par des blasphèmes ; on peut citer l'exemple d'une publicité en faveur du préservatif reprenant la parole du Christ aimez vous les uns les autres Ici, l'État, en vertu du principe de laïcité, cherche à garantir la liberté religieuse. [...]
[...] Inquisition, guerres de religion, persécutions ou discriminations visant les infidèles ou les libres penseurs sont à cet égard significatives. Cette idée selon laquelle la laïcité n'est pas une philosophie, ni une doctrine, mais simplement la coexistence de toutes les philosophies, de toutes les doctrines, le respect de toutes les opinions et de toutes les croyances (André Philippe) semble donc compatible avec le principe de liberté religieuse, exprimé en l'article 10 de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789, incorporée à la Constitution de 1958 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi Cette limité posée, la laïcité devient le garant de la liberté religieuse : il est possible d'adhérer à la confession de son choix, ou de les repousser toutes, d'exprimer et d'enseigner ses convictions et ses croyances et d'exercer publiquement le culte correspondant à sa foi, mais sans discrimination des autres religions, ni nuisance à autrui. [...]
[...] Liberté religieuse et laïcité sont donc conciliables dans la sphère privée. Dans la sphère publique, il semblerait que la laïcité soit la limite de la liberté religieuse. L'exemple le plus évident est celui de l'école publique, laïque, où la liberté religieuse est admise dans la limite de la laïcité, puisque depuis 2004, ni croix, ni voile, ni kippa, ni aucun signe ostentatoire d'appartenance au sein de la République doit devenir la règle impératrice. Le droit religieux occupe donc une place complexe dans notre société laïque. [...]
[...] Selon le principe de liberté religieuse, elles pourraient contester cette obligation. Mais selon le principe de laïcité, elles sont en tort. Peut-on dès lors concilier laïcité et liberté religieuse ? Le principe de laïcité tel que l'entend la loi de 1905 est-il toujours adapté à la France du XXIème siècle et à la vague déferlante de pluralisme religieux qui la caractérise ? Nous verrons dans un premier temps que laïcité et liberté religieuse sont conciliables en France grâce à la loi de 1905 qui fait de la laïcité, encadrée par un État bienveillant, un garant de la liberté religieuse mais nous verrons dans un second temps que cette cohabitation ambiguë entre laïcité et liberté religieuse peut aboutir à un affrontement entre ces deux principes dans un contexte d'évolution du paysage religieux français (II). [...]
[...] Seulement le problème du voile, posé pour la première fois à la fin des années 1980, met en lumière les problèmes posés à l'État laïc par la présence de ce culte dans la sphère publique : abattage rituel, prescriptions alimentaires, jeûne du ramadan, carrés séparés dans les cimetières, construction de mosquées, formation des imams, statut de la femme, organisation du culte, surveillance de l'intégrisme islamique. Ici, la liberté religieuse empiète sur le principe de laïcité. Lionel Jospin, ministre de l'éducation de l'époque, déclarera qu'il faut respecter la laïcité de l'école qui doit être une école de tolérance, où l'on n'affiche pas, de façon spectaculaire ou ostentatoire, les signes de son appartenance religieuse. [...]
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