Le type de source utilisées, telles que je viens de les évoquer, est donc essentiel pour caractériser la discipline. L'histoire de la pensée juridique doit être recherchée d'abord à travers les différentes manifestations de la vie du droit et de l'activité des juristes. Cependant, il va de soit que cette histoire de la pensée juridique ne se développe pas en vase clos et il est bien évidemment nécessaire de l'étudier dans les relations qui la rattachent à l'histoire de la pensée en général et plus particulièrement à l'histoire de la réflexion proprement théorique sur le droit qui est menée soit par les philosophes soit par les théoriciens du droit.
Les thèmes de la philosophie du droit sont, au moins pour une partie d'entre eux, très proches de ceux que nous aborderons. Il s'agit de comprendre les fondements du droit, d'expliquer le pourquoi des formes, le caractère et la raison d'être des méthodes et formes qui sont en oeuvre, afin de présenter les fins visées par les institutions. Mais la philosophie du droit use d'instruments différents. On peut tenter de la spécifier en disant que c'est la philosophie du droit des philosophes. Elle est donc élaborée en général par des étrangers à la vie concrète du droit. Elle voit le droit à travers ceux qui ont pensé le droit, non à travers ceux qui l'ont fait. En conséquence, l'histoire de la pensée juridique ne peut l'ignorer : l'apport de la philosophie du droit est essentiel sur de nombreux points mais les données premières qui sont étudiées par l'histoire de la pensée juridique conduisent à maintenir la différence entre les deux disciplines.
Les sources et les principaux thèmes étant évoqués, quelles seront les cadres chronologiques, et, à travers cette présentation, comment sera organisé cet enseignement ? Le titre « histoire de la pensée juridique », sous entendu, bien sûr « française », justifie les choix, pour ce qui est de l'espace. Il s'agit de présenter une histoire juridique nationale mais, nous le savons tous, qui s'inscrit dans une histoire européenne.
Les limites idéales conduiraient à dire que cette histoire sera faite des origines jusqu'à aujourd'hui mais il convient de préciser ce qui va nous permettre de présenter les différentes étapes que nous suivrons. Du coté du point d'arrivée, il ne serait bien sûr être question d'aller jusqu'à aujourd'hui ni même jusqu'à hier, mais il est certain que les caractéristiques actuelles du droit français seront la ligne d'horizon de nos propos. Caractéristiques actuelles de ce droit, c'est-à-dire, selon une image évidemment simplificatrice, un droit qui est à la fois codifié et national, mais qui est également en de nombreux domaines, en voie de décodification, au moins partielle, et qui, d'autre part, doit, depuis plusieurs décennies déjà, tenir compte, voire se soumettre, à des règles venues d'ailleurs. Je vise ici bien sûr pour l'essentiel le droit communautaire.
Comprendre ces données actuelles constituera notre ligne d'horizon, non bien sûr le but unique, c'est à mon sens ôter à l'étude de l'histoire une grande partie de son intérêt que de n'y chercher que préfigurer notre présent. Le passé nous présente les racines de notre droit actuel, il présente aussi bien d'autres modèles et bien d'autres possibles. Il convient de mener cet effort de compréhension à partir des origines et je vais donc m'attacher à décrire l'ensemble des données à partir desquelles s'est construite la pensée juridique française. À ce titre, nous consacrerons les quatre leçons de ce cours à la présentation de deux héritages essentiels. Celui d'abord de l'Antiquité et celui ensuite du Moyen-Âge. Ce premier rappel est indispensable mais chacun sait que c'est à partir des Temps Modernes, donc du 16ème siècle, que le droit français se constitue et acquière sa réelle spécificité. Nous consacrerons donc les leçons suivantes à montrer d'abord comment, à partir du 16ème siècle, la réflexion sur le droit se détache de l'encrage théologique pour permettre l'émergence d'un droit fondé sur la raison et la volonté humaine avant, dans les deux dernières leçons, d'évoquer ce qui apparaît comme le point d'arrivée de cette évolution : le phénomène de la codification et les débats, les questions qu'elle suscite dans la réflexion et la pratique juridique du XIXe siècle (...)
[...] Ainsi sont posées par les penseurs de l'Eglise eux-mêmes les bases de la laïcisation du droit naturel et les prémices théoriques qui vont conduire aux fondements d'une école naturaliste moderne au siècle suivant. Le rapport de l'Homme à l'Histoire La dernière rupture peut être présentée comme une redéfinition du rapport au temps et elle va conduire à l'émergence de ce que l'on a appelé l'homo historicus. Entendons : un homme qui accepte d'être défini par son histoire. De même en effet que le lieu, le temps en effet définit l'être humain. [...]
[...] Cette division, celui lui, permet à chacun d'accomplir de la meilleure manière la fonction qui lui revient. Le point de vue d'Aristote est plus critique et montre les ambivalences du régime qui, selon lui, hésite entre démocratie et oligarchie Sparte vue par Aristote Du côté des structures sociales, selon Aristote, le mode d'éducation des enfants, l'institution d'une égalité économique telle que rien ne permet de distinguer le riche du pauvre ; ces règles relèvent de l'esprit démocratique. En revanche, il critique l'excessive liberté dont jouissent, selon lui, les femmes spartiates. [...]
[...] Par là, ils ont été rendus responsables des excès démagogiques de la dernière période de la démocratie athénienne et on comprend ainsi les critiques rigoureuses que Platon leur adresse Platon, une philosophie de la Loi L'œuvre de Platon est, pour une large part, une réfutation de la pensée sophistique, tant pour ses fondements que pour ses conséquences pratiques. Cette pratique le conduit à proposer une réflexion sur la loi et sur les moyens susceptibles de la mettre en œuvre. La philosophie de la loi platonicienne va durablement marquer les esprits. [...]
[...] Bien évidemment, cette différence de statut a des conséquences. Cette affirmation de l'origine nécessaire transcendante du pouvoir ouvre le règne de ce que l'on a coutume d'appeler l'hétéronomie du droit, l'hétéronomie des institutions. Ce principe va dominer la réflexion juridique et politique jusqu'à la fin du XVIIe siècle et il ne cèdera progressivement la place qu'assez tardivement, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, au principe qui nous est familier, celui de l'autonomie : l'homme se donne sa loi en lui-même. [...]
[...] Il faut ajouter, et c'est par là que nous terminerons, que ces thèses ont trouvé un autre champ de mise en œuvre dans le statut accordé au juge monarchique. Et dans le domaine du statut des juges, les fondements bibliques qui permettent d'attribuer au juge un statut de droit divin vont exercer une influence, sans doute plus diffuse, moins visible que celle qui conduisent à la monarchie absolue, mais une influence qui est essentielle pour comprendre d'abord ce qu'a été le juge monarchique et ensuite le rôle que l'on a attribué au juge dans la civilisation occidentale. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture