Par droit on peut entendre le droit naturel : celui qui règne à l'état de nature et qui consiste à pouvoir faire tout ce que notre nature nous laisse libre de faire. Se confond avec la loi du plus fort.
On peut douter que la force soit un droit (cf argumentaire rousseauiste). La force relève de la nature, elle n'est en elle-même ni juste ni injuste, elle relève de l'ordre physique ; le droit relève de la culture, il est institué par l'homme afin d'instaurer un ordre juste :
Par droit il faut donc entendre plutôt l'ensemble des lois destinées à exprimer et à faire régner la justice (l'étymon de « justice » relie étroitement le droit et la justice : jusdicere : dire le droit). Le droit apparaît alors comme l'incarnation de la raison respectueuse d'autrui et de sa liberté.
[...] En effet on ne choisit pas de se soumettre à une force supérieure à la nôtre, mais on la subit par effet de contrainte. A ce titre la force relève d'un tout autre domaine que le droit lequel repose par définition sur un consentement libre : c'est volontairement que j'obéis à la loi quand bien même ma force physique me permettrait de passer outre, c'est par devoir que je respecte le droit et non par nécessité ou par prudence, car je veux la justice qu'il exprime et s'efforce de faire régner, une justice que l'on ne peut en aucun déduire de la force. [...]
[...] La force définit ce qui est, elle épouse le domaine des faits elle ne définit pas ce qui doit être. Je ne peux en aucun cas dériver ce qui doit être, ce qui vaut, de ce qui est. La force n'a donc aucun droit, elle n'est source d'aucunes valeur Une conception du droit comme reflet et réification des rapports en place Une conception du droit qui ramène son fondement à son origine La force ne fait pas droit par cette célèbre formule Rousseau exprime sa réponse à Hobbes : la force ne peut en aucun cas fonder le droit. [...]
[...] Les rapports de force changent sans cesse or, le droit véritable doit présenter un caractère absolu et universel. Donner au droit la force comme fondement c'est lui donner un fondement purement empirique, dépourvu de tout caractère universel et fondamentalement instable : il suffit que les rapports de force changent, que le vainqueur d'hier soit le vaincu d'aujourd'hui et tout le système des droits et des devoirs est renversé. III- Le droit renvoie à l'idée morale de justice et à l'institution d'un ordre juste Le droit est une dimension de la culture et en tant que tel il n'a pas à entériner les données de la nature, mais doit tenter d'y remédier Contre Calliclès on pourrait objecter que l'homme n'est justement pas qu'un être de nature (c'est-à-dire un être biologique, animal) mais aussi un être humain c'est-à-dire un être dont l'humanité consiste précisément à s'écarter de la nature, à s'affranchir dans une certaine mesure du déterminisme naturel, notamment en protégeant les faibles c'est-à-dire en corrigeant ce que la nature a d'inhumain. [...]
[...] En quoi vaudrait-il mieux être régi par le droit plutôt qu'être pris dans des rapports de force ? Y a-t-il un usage légitime/juste de la force ? Oui le droit est l'expression de rapports de force si par droit on entend : le droit naturel qui se confond avec le droit du plus fort érigé comme norme : Référence : Calliclès (Gorgias de Platon) qui érige la nature, considérée comme bonne, comme norme du droit. La loi universelle et nécessaire de la nature est que seul le plus fort survit : le seul droit légitime est donc celui aux mains des puissants (ceux qui possèdent la force physique et morale), il est juste que les forts dominent et oppriment les faibles, le droit juste, car naturel est donc bien celui qui perpétue et exprime ce rapport de force naturel le droit civil qui succède au droit de nature et ne fait qu'instituer un autre rapport de force, il n'est que la conséquence de la crainte qu'éprouvent les faibles face à la force des forts qu'ils s'efforcent de contenir mais les hommes dépourvus de force morale et physique, mais forts de la force du nombre ont voulu renverser ce rapport de forces juste, car naturel en instituant des lois humaines contre-nature, car visant à affaiblir les hommes dont la force naturelle devrait les conduire à dominer. [...]
[...] Le droit repose sur le consentement libre : il s'adresse à notre raison et suppose notre liberté. La relation despotique est réductible à un rapport de force dominant dominé, la relation entre le despote et le sujet est un rapport entre un vainqueur et un vaincu privé de liberté. La relation juridique n'est pas de cet ordre : elle repose sur un consentement libre à obéir, consentement fondé sur sa légitimité, une légitimité qui découle de l'intérêt général que le droit s'efforce de défendre. [...]
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