La Victoire en chantant, Jean-Jacques Annaud, anthropologie juridique, impérialisme colonial, missionnaires, indigènes, eurocentrisme, colonialisme, France, Allemagne, racisme, nationalisme, Zimmerwald, Jean Jaurès, cinéma de guerre, cinéma historique
Le film commence par un aperçu comparatif des échanges commerciaux entre la France et l'Allemagne, montrant leur interaction pacifique dans le commerce. Il existe une autre enclave militaire, l'enclave allemande, à proximité de Fort-Coulais, et les colons français ne rencontrent aucun problème avec leurs homologues allemands, tout au contraire les relations sont amicales et la vie paisible sans incident.
Le premier aspect abordé par le film est canalisé par une série de scènes qui établissent une comparaison entre les colonies françaises et allemandes. À travers les conversations des autochtones, deux des principaux archétypes culturels des deux nationalités apparaissent : le stoïcisme allemand et le républicanisme français. Ainsi ces deux mentalités ne sont pas seulement typiques des Européens, mais aussi des indigènes à leur service, qui sont imprégnés du caractère et de la mentalité occidentaux.
[...] La culture et les croyances locales ont donc été discréditées et sous-estimées, ce qui a favorisé le processus d'acculturation. Si on revient sur la figure du missionnaire, on se rend compte du rôle fondamental qu'il a joué dans ce processus, puisque la vision paternaliste de l'Église sur le phénomène colonial impliquait qu'elle se considérait comme ayant le devoir et la responsabilité de répandre les fruits du progrès européen, d'apporter la civilisation et sa foi dans les coins qui restaient encore dans la « barbarie ». [...]
[...] Après 6 mois d'isolement, la nouvelle de l'entrée en guerre surprend. À ce moment-là, les Français qui vivent à : 2 officiers prêtres civils et 2 femmes, décident de créer une petite escadrille, dans l'idée d'attaquer par surprise le détachement allemand, eux aussi peu nombreux. Le sergent-major des troupes françaises entreprend un vaste recrutement, tant parmi ses compatriotes que parmi les autochtones. C'est là que l'idéologie s'impose, mettant à jour l'hypocrisie qui consiste à envoyer des « Noirs autochtones » au combat, et à une mort certaine, dans une lutte insensée entre « amis », comme le sont les Allemands et les Français dans les colonies, qui avant le conflit se trouvaient contraints de collaborer afin de maintenir leur domination sur les indigènes africains. [...]
[...] La politique française en Afrique de l'Ouest se reflétait principalement dans sa philosophie « d'association », ce qui signifie que tous les indigènes étaient officiellement des « sujets » français, mais ne disposant d'aucun droit de citoyen en Afrique ou en France. Dans les colonies, les valeurs occidentales étaient ainsi présentées comme supérieures, la langue indigène, leur langue maternelle est écartée avec mépris et le français imposé. L'enseignement devant être dispensé en français. En les instruisant, les missionnaires n'avaient pas l'intention d'en faire des intellectuels, mais des artisans utiles à la communauté. Ils s'intéressaient surtout à l'éducation des enfants des principaux autochtones, qu'ils évangélisaient afin qu'ils soient plus tard le porte-parole de l'évangélisme « français » avec les autres indigènes non encore convertis. [...]
[...] La gauche de Zimmerwald reproche au texte de ne pas analyser l'opportunisme et d'omettre toute discussion sur la manière de mener la lutte contre la guerre mais elle soutient le manifeste en tant qu'« appel à la lutte » et point de départ d'une action commune des socialistes antiguerre. Les censeurs militaires des pays déchirés par la guerre ont supprimé toute information sur la conférence de Zimmerwald et son manifeste. Pourtant, des informations ont filtré et le manifeste a été largement distribué sous forme de pamphlet clandestin. Les idéaux de Zimmerwald sont devenus une source d'inspiration pour un mouvement croissant d'action militante qui a préparé les révolutions de 1917 et 1918. [...]
[...] Conclusion En conclusion, le film de Jean-Jacques Annaud La victoire en chantant est un exemple clair de cinéma de guerre et de cinéma historique. Par le biais d'un langage comique et satirique, Annaud montre des aspects cruciaux de la conjoncture historique dans laquelle se situe son œuvre, fournissant ainsi un matériel abondant pour l'analyse historique et démontrant l'utilité de cette manifestation cinématographique. C'est sans doute l'une des grandes œuvres de la Grande Guerre, car elle aborde, dans un style soigné et détaillé, des questions aussi essentielles que le nationalisme, la société coloniale, le rôle de l'Église, la guerre moderne et les effets de la paix. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture