Son oeuvre décrit de plus sa vision de la souveraineté. Il n’est pas le seul auteur à avoir écrit sur le sujet, ce fut également le cas de Thomas Hobbes, né pour sa part en 1588, et auteur du Léviathan, qui est son oeuvre principale.


Définition et caractéristiques de la souveraineté

La souveraineté est généralement définie comme le pouvoir absolu reconnu à l’État. Ce dernier peut ainsi décider des lois et les mettre en pratique. Cette souveraineté implique que l’État ait également les pleins pouvoirs dans les domaines législatifs, exécutifs et judiciaires.

Selon Bodin, la souveraineté est ainsi caractérisée comme une puissance continue, absolue et surtout indivisible.

En effet, la souveraineté est considérée comme le pouvoir le plus élevé, il n’y a aucun recours envisageable une fois que quelque chose a été décidé par le roi. Elle s’attache le plus souvent à défendre un intérêt général et non pas particulier.

Pour Bodin, la vraie majesté loyale ne meurt jamais, d’ailleurs les rois avaient un pouvoir parfaitement absolu, et leurs sujets leur devaient une obéissance sans faille sous peine de mort. Elle pouvait être plus ou moins facilement donnée selon les rois et époques.

Il met en avant la présence d’un pouvoir central qui est une puissance à part entière. L’auteur souligne le fait que la souveraineté est ultime et personne ne peut changer ni modifier un tant soit peu sa décision. L’une des caractéristiques principales de la souveraineté est qu’elle se perpétue logiquement dans le temps avec le pouvoir législatif considéré comme premier pouvoir, et représente ainsi la valeur fondamentale de l’État de droit.


Les limites de la vision de Bodin et de la souveraineté

Nous avons dit plus haut que la souveraineté possédait un caractère absolu, elle ne devrait par conséquent pas connaître de limites. Néanmoins, en pratique, les choses ne sont pas aussi simples et la vision de Jean Bodin peut être aujourd’hui remise en question sur plusieurs faits. L’histoire nous a montré que la souveraineté royale a dominé le pays pendant un très grand nombre d’années avec un pouvoir qui s’exerce sans partage et sans limites. Rappelons-le, le pouvoir royal souhaitait avant toute chose se débarrasser de l’influence de l’église et rompre avec certaines interventions qu’il jugeait alors inappropriées. Néanmoins, lorsque les référendums ont fait leur apparition, le peuple a commencé à pouvoir choisir certaines de leurs libertés et cela a marqué également le début d’une nouvelle ère.

La souveraineté est une puissance qui se limite elle-même à bien des égards.

Bodin désignait la souveraineté comme étant sans aucune limite, mais il faut nuancer ce fait en proposant plutôt cette notion d’autolimitation. L’État possède ainsi les compétences, mais il est toutefois obligé de respecter les règles qu’il a lui-même fixées, de peur de perdre définitivement la crédibilité envers le peuple. On parle alors d’autolimitation puisque c’est le souverain en personne qui choisit de se limiter afin de préserver ses propres règles.


Bodin et la violence des républiques  

Malgré ses écrits, jamais l’auteur n’a souhaité cacher la violence qui pouvait se cacher derrière les républiques successives. Pour lui, il est fort à parier que la violence et la force sont les deux principales caractéristiques qui ont donné les bases et qui figurent dans les origines de la république. Il rappellera en effet que les premiers rois n’ont pas été choisis, les premiers n’ont pas non plus conquis le trône de manière héréditaire, mais se sont bel et bien imposés en usant de la force et de la violence. Pour lui, la guerre était bénéfique lorsqu’il s’agissait de prendre et de conquérir les États, et c’était également ce qui pouvait donner de la crédibilité et de l’importance à un roi. Le pouvoir ne peut pas se partager, il doit appartenir à un seul homme. Le sujet doit obéissance à son souverain, sinon, cela marquerait le début de l’anarchie et par conséquent une offense majeure à la République.

Pour Bodin, la souveraineté n’est pas acquise, mais conquise, même s’il faut pour cela faire preuve de violence.


Pour conclure, de multiples questionnements peuvent se mettre en place aujourd’hui, avec tout le recul nécessaire, notamment sur le non-partage de la souveraineté, car cette caractéristique ne pouvait être tenue bien longtemps. L’histoire a en effet montré à de nombreuses reprises que laisser l’intégralité du pouvoir à une seule personne pouvait avoir des effets néfastes.


Sources :

- Souveraineté et liberté : Etude sur les fondements du pouvoir - Amnon Lev
- Bodin et la souveraineté - Fabien Spitz
- Les théories du pacte social. Droit naturel, souveraineté et contrat de Bodin à Rousseau - Jean Terrel