En parlant de « régime politique », il devient indispensable de trouver une définition exhaustive de ce terme avant de procéder à la distinction de ses différents types. Selon Rémi Lefebre, un régime politique est « l’ensemble des éléments d’ordre idéologique, institutionnel et sociologique qui concourent à former le gouvernement d’un pays donné pendant une période déterminée » * (Leçons d'introduction à la Science politique (2017)) Parmi les différents régimes politiques contemporains, le régime qui suscite notre intérêt dans cet article est « le régime autoritaire ».


I - Qu’est-ce qu’un régime autoritaire ?

Comme son nom l’indique, un régime autoritaire repose sur « l’accaparement du pouvoir par un groupe restreint ne tolérant aucune contestation, et encore moins une quelconque forme de participation politique susceptible de fragiliser sa domination sans partage. Son principe constitutif est donc l’exclusion politique, qui est en soi une violence. » En d’autres termes, ce régime se base sur la force, la soumission des peuples aux règles établies par les dirigeants, l’interdiction d’exprimer publiquement les désaccords politiques et la restriction des libertés individuelles à travers la mise en œuvre de mesures coercitives. 


II - Quels sont les différents types de régime autoritaire ?

Il y a différents types de régimes autoritaires, par exemple :

a) La théocratie : ce concept est composé de deux termes grecs : 

  • « Théos » qui signifie Dieu
  • et « Kratos » qui signifie pouvoir.


En regroupant les deux termes, le sens de « théocratie » devient donc « gouvernement par Dieu ». Ainsi, la théocratie est une forme de gouvernement dont l’autorité émane d’une essence divine. Autrement dit, le gouverneur qui adopte ce régime se considère comme l’incarnation d’une divinité ou son descendant, comme cela est le cas pour le « Dalai-Lama » au Tibet et l’ « ayatoallah Khumeini » en Iran.   


b) L’autocratie

Comme on peut facilement l’imaginer, ce régime reflète un régime dans lequel le pouvoir absolu est détenu par un seul membre, le gouverneur, qui l’exerce sans limites et prend toutes les décisions législatives, exécutives et judiciaires sans devoir consulter d’autres entités politiques. Un exemple qui illustre parfaitement ce régime est celui de la Corée du Nord dirigée par Kim Jong Un.  


c) La monarchie absolue

Ce régime autoritaire est basé sur la possession du pouvoir absolu non contesté et sans partage par le monarque. L’adoption de ce régime est facilement repérable dans des pays contemporains tels que l’Arabie Saoudite et Brunei ; ainsi que dans des périodes historiques marquantes comme la France sous le règne de Louis XIV.    


III - Quelles sont les caractéristiques d’un régime autoritaire ?

Il est radicalement concevable que les principales caractéristiques d’un régime autoritaire soient les suivantes :

a) Pouvoir incontestable des gouvernants

Les régimes autoritaires octroient une légitimité de pouvoir absolu aux dirigeants. Contrairement aux démocraties, cette légitimité ne peut en aucun cas être remise en question et toute expression publique d’opposition au régime entraînera de lourdes punitions. 

b) Restriction des libertés

Les individus vivant dans un Etat autoritaire ne jouissent pas complètement de leurs libertés fondamentales telles que la liberté d’expression, la liberté de conscience et la liberté d’association. Tous ces citoyens sont endoctrinés et se voient obligés d’adhérer indiscutablement aux croyances et enseignements véhiculés par l’Etat ; leurs propos et comportements doivent illustrer cette adhésion et soumission. 

c) Le contrôle de la presse et des médias

Dans plusieurs pays adoptant un régime autoritaire comme la Chine, la presse est soumise à un contrôle sévère et méticuleux. Les informations diffusées doivent impérativement être en parfaite compatibilité avec les dogmes et principes reconnus par la partie gouvernante. Des mécanismes de censure (comme le Grand Pare-Feu en Chine) sont strictement mis en place pour dominer les médias et tous les citoyens risquent d’encourir des peines draconiennes s’ils enfreignent le règlement en propageant des propos sensibles menaçant la sécurité collective ou incitant à la critique du régime politique et à la rébellion du peuple. Une récente figure emblématique de la répression de la liberté d’expression en Chine est le docteur Li Wenliang. Ce dernier fut arrêté à cause de ses révélations prédictives liées au déclenchement d’une éventuelle pandémie en 2020 du coronavirus. Ses propos, bien que vraisemblables et fondés sur des preuves factuelles, lui ont coûté des sanctions rigoureuses et une privation de liberté d’expression. 

d) La violence et l’oppression

Des outils de surveillance et des procédés oppressifs sont mis en place dans l’espace public afin de limiter, voire éradiquer toute forme de liberté qui n’est pas en harmonie avec les règles établies et les lois promulguées par les gouvernants. Dans certains pays autoritaires, on remarque malheureusement une extrême oppression et discrimination infondée envers les minorités et les groupes vulnérables ; cette discrimination est totalement flagrante en Iran, où la religion majoritaire du peuple est l’Islam Chiite. Quelques minorités religieuses dans ce pays, particulièrement les musulmans Sunnites et les Bahaïs, souffrent d’une marginalisation, voire une oppression suffocante et une restriction considérable de leurs droits fondamentaux. Cela se manifeste notamment dans la démolition abusive de leurs lieux de culte par des agents gouvernementaux, la privation de leur représentation institutionnelle, les arrestations arbitraires, les confiscations injustes de leurs biens et les fermetures de leurs entreprises. Il n’est point effarant d’affirmer que tous les opposants au régime établi sont souvent torturés et persécutés afin de maintenir la suprématie et l’hégémonie de l’Etat.  


e) L’endoctrinement et la propagande

Pour maintenir leur emprise sur la population, les pays autoritaires promeuvent la bonne représentation de leur régime à travers l’élaboration de programmes scolaires qui inculquent aux enfants et aux jeunes les valeurs de leur Etat et leur enseignent l’indispensabilité du patriotisme afin de les préparer à devenir de « bons citoyens », et également à travers la diffusion d’informations et messages favorables à l’image du régime politique dominant par les médias.