L'accroche
Les faits
La procédure
Les moyens des parties
Le problème de droit
La solution de la juridiction
D'abord, il conviendra de présenter l'arrêt rapidement par une accroche : simplement en mentionnant la juridiction dont il est question, la chambre éventuellement, la date et le thème de l'arrêt (ou du jugement).
Dans notre exemple, voici un court exemple d'accroche : « La première chambre civile de la Cour de cassation a rendu un arrêt le 8 décembre 1987 eu égard à la stipulation pour autrui et plus précisément sa validité ». Ne vous perdez pas dans davantage de détails. Poursuivons !
Ensuite, il conviendra de présenter les faits. Relatez-les, ne les recopiez pas bêtement et surtout qualifiez juridiquement et distinguez qui est demandeur et qui est défendeur.
Madame L. achète une parcelle à la SAFER de lorraine par un acte du 5 octobre 1973 dans lequel elle s'engage à faire donation de cette parcelle à son fils Jacques L. dans les 5 ans. Cet acte de donation se doit d'inclure une clause interdisant au donataire ou à ses ayants droit, pour une durée de 15 ans, d'aliéner, de morceler ou de lotir l'immeuble. La clause les oblige également à l'exploiter eux-mêmes. Ce même jour, Madame L. donne cette parcelle en bail à Jacques par acte. En 1976, leurs relations sont rompues et Madame L. décide de revendre l'immeuble à la SAFER le 1er décembre 1978. Jacques L. assigne alors sa mère en indemnisation de la valeur de l'immeuble qu'il aurait du recevoir en donation. La cour d'appel de Nancy fait droit à sa demande dans un arrêt du 15 novembre 1984. Madame L. forme alors un pourvoi en cassation. La cour de cassation en sa première chambre civile rejette le pourvoi dans un arrêt du 8 décembre 1987.
Mais une stipulation pour autrui peut-elle créer des obligations pour le tiers ?
Voici donc un exemple par rapport à notre arrêt d'espèce : « Par acte en date du 5 octobre 1972, une acheteuse acquiert une parcelle auprès de la Safer en tant que vendeur de celle-ci. Dans cet acte, l'acheteuse mentionne expressément qu'elle s'engage à faire dans les cinq années qui suivent une donation de cette acquisition à son fils. Il est mentionné que l'acte de donation comportera obligatoirement une clause qui interdira au donataire ou encore à ses ayants droit d'aliéner, morceler ou lotir l'immeuble ce qui emporte pour conséquence qu'ils devront exploiter la parcelle eux-mêmes pendant ce laps de temps d'une durée de quinze ans. Le même jour, l'acheteuse a donné à bail la parcelle à son fils ; toutefois, quelques années plus tard, mère et fils ne sont plus en contact, celui-ci quitte l'exploitation et cette dernière décidera finalement de vendre son immeuble le 1er décembre 1978 à la société qui lui avait vendu la parcelle. »
Par ailleurs, il vous faudra mentionner la procédure. Concrètement, ici, vous retracez la procédure qui a mené à l'arrêt dont vous avez à connaître en donnant autant de détails que possible, mais sachez que tous les arrêts ne sont pas aussi bien fournis que certains. Ce n'est pas grave : retracez donc la procédure avec les éléments qui vous sont donnés, mais surtout n'en omettez pas. Qui est demandeur ? Quelles sont les juridictions du fond qui ont eu à connaître de l'affaire ? Quelle chambre finalement se charge de connaître de l'affaire au niveau de la Cour de cassation (ou d'une autre haute juridiction type Conseil d'Etat ou encore Cour de justice de l'Union européenne) ?
Ainsi, en l'espèce, « Le fils de la venderesse, ayant quitté l'exploitation, assigne sa mère en paiement dans le courant de l'année 1979. Il demande à titre d'indemnité que lui soit versée la valeur de l'immeuble qu'il aurait dû recevoir en donation. Les juges du premier degré ont d'abord refusé la demande. Cependant, par un arrêt du 15 novembre 1984, la Cour d'appel de Nancy fait droit à cette demande et admet donc que le demandeur était bénéficiaire d'une stipulation pour autrui. ». [A la lecture de l'arrêt, on voit que l'arrêt de la cour d'appel est « infirmatif », et donc, l'on sait automatiquement ce qui fut jugé en premier ressort. Portez bien votre attention sur ces mots-clés !]
Doivent après apparaître les moyens des parties. En gros, il faut retenir que vous devez expliciter les arguments avancés par les parties - demandeur(s) et défendeur(s), et donc vous explicitez les moyens. Notez toutefois la différenciation entre un moyen et un motif. L'un est un argument émanant d'une partie, l'autre un argument émanant de la juridiction. Faites donc attention !
Nous pourrions noter dans notre cas que « La venderesse forme donc un pourvoi en cassation. Celle-ci considère d'une part, que la stipulation pour autrui ne peut avoir pour objet une promesse de donation au profit d'un tiers, incluant comme il est mentionné dans l'arrêt « une charge et une clause d'inaliénabilité stipulées en dehors de lui. D'autre part, elle considère qu'il est impossible pour un tiers de devenir débiteur sans encourir la nullité et enfin, l'inexécution d'une promesse (de donation) d'obligation sans cause n'est pas fautive ».
Le problème de droit est sûrement l'une des parties les plus importantes de la fiche d'arrêt. Passez-y du temps, triturez-vous l'esprit : bref, portez-y une attention toute particulière tant il est primordial de savoir poser la bonne problématique. En tous les cas, un « bon » mais peut-être pas « le » problème de droit vous permettra de développer davantage dans vos sous-parties lorsque la fiche vous servira d'introduction pour un commentaire... En fait, ce problème de droit c'est la question qui fut posée à la juridiction qui rend l'arrêt ou le jugement, ni plus ni moins. Allez droit au but !
Sous forme de question, votre problématique se doit d'être ni trop générale ni trop spécifique. Vous avez déjà du l'entendre en fac de droit : elle se doit d'être entre les deux... Vous objecterez que ce n'est pas simple et c'est vrai !
Retenez que lorsque vous lisez votre problème de droit, celui-ci doit en fait répondre à la solution apportée par la juridiction. Il doit donc répondre au cas d'espèce.
Nous pourrions tout à fait poser le problème suivant concernant notre arrêt : « une stipulation pour autrui pourrait-elle créer des obligations pour les tiers ? ».
Apparaît ensuite la solution de la juridiction. Il suffit « simplement » d'indiquer quelle fut la solution retenue par les juges suprêmes ou par les juges qui ont rendu la décision. La juridiction infirme-t-elle ou confirme-t-elle ce qui fut précédemment jugé ? Notez bien si elle est « d'accord » ou pas et pourquoi ! D'apparence simple, cette partie ne doit pas être négligée et bâtie avec soin sans paraphraser, mais surtout sans s'écarter non plus de l'essence de l'arrêt...
Notons que dans le cas que nous avons à ficher, « La Cour de cassation considère que la stipulation pour autrui, en cas d'acceptation de celle-ci, n'exclut pas que celui-ci soit tenu de certaines obligations. Son fils ayant manifesté l'intention de prendre possession de ladite parcelle et ayant refusé de la lui donner comme elle s'y était pourtant engagée, et ayant procédé à sa vente, la venderesse et demanderesse au pourvoi a causé à son fils, bénéficiaire, un préjudice dont elle doit réparation. La stipulation pour autrui est valable. ».
Finalement, rien ne vous empêcherait de replacer votre arrêt ou jugement dans un contexte jurisprudentiel. Suit-il la mouvance de la jurisprudence ? Au contraire, s'oppose-t-il à ce qui était précédemment décidé et donc constitue-t-il un revirement ? Notez toutefois que point trop ne s'en faut et que cette étape n'est pas forcément la plus importante dans la mesure où, la plupart du temps, vous expliciterez cette portée dans le plan de votre commentaire d'arrêt qui suivra cette fiche.
Voici les dispositions de l'arrêt de la 1er Civ, 8 décembre 1987, n°85-11.796
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