Sujet 1 - Le principe de la séparation des pouvoirs peut-il faire l'objet de dérogations ?
Ce principe est aujourd'hui constitutionnel, puisqu'il est inscrit à l'article 16 de la DDHC « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution ».
Certes, la Constitution organise l'État. Elle est la source première du droit et lui donne ses bases constitutionnelles, desquelles découlent toutes les autres normes juridiques. Et le seul fait que ce principe soit inscrit dans la Constitution lui confère le statut de norme suprême. Pourtant, dans cette même Constitution, et dans des cas exceptionnels, le Président seul peut détenir l'ensemble des pouvoirs. De la même manière, le droit de grâce et l'amnistie peuvent être considérés comme des dérogations possibles au principe de séparation.
Sujet 2 - Quelles peuvent être les critiques adressées à la séparation des pouvoirs ?
Aujourd'hui, la séparation des pouvoirs telle qu'appliquée fait l'objet de nombreux débats. À titre d'illustration, lors des campagnes présidentielles, certains candidats envisagent même de procéder à sa suppression (Ségolène Royal, François Bayrou). Les raisons sont multiples, et touchent principalement à l'estimée trop forte concentration du pouvoir entre les mains de l'exécutif ou à la faiblesse du Parlement. En effet, le Premier ministre à des pouvoirs importants en matière législative (articles 39, 44 ou 48 de la Constitution par exemple) et le Parlement n'a pas compétence pour créer des normes dans des matières réglementaires (article 34 de la Constitution).
Sujet 3 - La France s'inscrit-elle dans un régime parlementaire ou présidentiel ?
D'après le juriste français Maurice Duverger, la France est un régime semi-présidentiel. Cela signifie qu'aujourd'hui, dans notre pays tout comme en Irlande ou au Portugal, nous sommes dans un régime qui emprunte du régime parlementaire et du régime présidentiel. Les caractéristiques de notre Ve République sont les suivantes : le président de la République est élu au suffrage universel direct, il a ses propres pouvoirs et son gouvernement est responsable devant le Parlement. La France dispose donc d'un régime de séparation souple des pouvoirs impliquant une collaboration entre le Président et son gouvernement, à l'instar du régime parlementaire, mais aussi d'un principe de cloisons strictes, sauf exception, entre le pouvoir juridique, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
Sujet 4 - Quelles différences fondamentales existent-ils entre le principe de séparation des pouvoirs en Grande-Bretagne et en France ?
C'est la Grande-Bretagne qui, avec sa Constitution coutumière et souple, est à l'origine du régime parlementaire, duquel la France emprunte un grand nombre de pratiques. Le pouvoir législatif est confié à un Parlement divisé en deux chambres, bicaméral donc, mais dont l'une, en Grande-Bretagne, a théoriquement beaucoup de pouvoir. La Chambre des communes peut en effet modifier la Constitution par un simple vote ! Ce qui n'est pas possible en France. Le pouvoir exécutif, pour sa part, est divisé en deux éléments également : la Couronne, et le Gouvernement, à l'instar de notre pouvoir bicéphale français. Mais la répartition des pouvoirs y est quelque peu différente.
Sujet 5 - Ce principe de séparation est-il appliqué à d'autres niveaux de l'organisation administrative française ?
Le principe de séparation et l'interdépendance forte de ses organes permettent à la France de parvenir à un gouvernement stable et modéré dont le fonctionnement ne met pas en péril la liberté des concitoyens. Fort de ce constat, cette séparation a fait l'objet de « duplicatas ». En effet, le principe a été appliqué à d'autres domaines, plus spécifiques. Concernant le pouvoir législatif, le parlement est par exemple bicaméral tandis le pouvoir exécutif est bicéphale. Enfin, nous observons une dualité des ordres juridiques au sein du pouvoir judiciaire. Même au niveau étatique et territorial, le principe de la séparation de l'ordonnateur et du comptable s'inscrit dans une optique d'équilibre et de contre-pouvoirs destinés à favoriser la liberté et le bon usage des deniers publics.
Sujet 6 - L'application du principe de séparation des pouvoirs dans la jurisprudence constitutionnelle
Il est possible d'étudier le principe de la séparation des pouvoirs dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Plusieurs décisions permettent d'illustrer le fait que le Conseil veille à l'application de ce procédé lorsqu'il est saisi. Par exemple, le 9 avril 2009, il rend une décision selon laquelle l'exécutif ne peut pas être obligé de transmettre au Parlement des informations sur les délais de publication ou les « orientations principales » de certains textes d'applications. Par cette décision, la haute instance confirme que les compétences des pouvoirs réglementaires et législatifs doivent être séparées et que l'instance législative ne peut pas intervenir dans les compétences du pouvoir réglementaire.
Sujet 7 - En quoi la loi de finances de 2012 confirme-t-elle la règle de séparation des pouvoirs ?
Le 9 août 2021, une décision relative à la loi de finances confirme que la règle est celle de la séparation des pouvoirs. Le Conseil constitutionnel s'est saisi lui-même de la constitutionnalité de cet article, alors même qu'aucune objection n'était apparue du côté des chambres. En effet, l'article 40 de la loi de finances rectificative pour 2021 proposait la diminution du traitement du président de la République et de celui du Premier ministre. Cette disposition a été censurée, car ce n'est pas au Parlement de fixer le salaire de l'exécutif, sous peine de méconnaître le principe de séparation. En conclusion, pour respecter ce principe, il est uniquement du ressort de l'exécutif de fixer le traitement du président de la République, du Premier ministre et des membres du Gouvernement.
Sujet 8 - Le droit de grâce et l'amnistie sont-ils des exceptions aux principes de séparation des pouvoirs ?
La grâce permet à la personne condamnée de ne pas effectuer sa peine entièrement tandis que l'amnistie, pour sa part, efface la condamnation. Ces deux possibilités appartiennent au président de la République (article 17 de la Constitution) ou au Parlement pour l'amnistie qui prend la forme d'une loi. Pourtant, cela peut sembler surprenant, étant donné que les décisions entrent normalement dans le domaine du pouvoir judiciaire. La séparation des pouvoirs pourrait-elle donc être considérée comme non respectée ? Cela dépend des écoles de pensée. En effet, peut être admis l'argument selon lequel le droit de grâce est soumis à contreseing, et celui qui expose que l'amnistie peut être regardée à travers l'interdépendance des pouvoirs plus qu'à travers l'attribution de la compétence à un seul organe.
Sujet 9 - Pourquoi peut-on dire que l'article 16 de la Constitution fait opposition au principe de séparation des pouvoirs ?
L'article 16 de la Constitution de 1958 peut être utilisé dans un cas extrêmement rare et qui n'a jusqu'ici été appliqué d'une seule fois : du 23 avril au 29 septembre 1961. Il s'agit de la situation dans laquelle il est impératif de sauver l'État d'un moment de péril extrême, en permettant au président de la République de disposer de pouvoirs exceptionnels.
L'objectif est de permettre à la France de rétablir au plus vite la situation. Pour cela, le Président se voit certes confier de grands pouvoirs, mais il reste soumis à certaines règles. Par exemple, il doit se restreindre à des décisions proportionnées aux circonstances et il ne peut pas procéder à une révision de la Constitution.
L'article 16 est une exception au principe de séparation des pouvoirs, mais ne s'y oppose pas. Très encadrée, cette procédure est appliquée dans des cas extrêmement rares qui nécessitent une gestion spécifique de la situation.
Sujet 10 - Comment la séparation des pouvoirs protège-t-elle les citoyens en assurant leur liberté ?
Montesquieu propose une division du pouvoir en trois organes : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. C'est le meilleur moyen, selon lui, d'empêcher l'usage abusif du pouvoir, comme cela pourrait être le cas s'il était concentré entre les mêmes mains. En effet, par nature, nous pouvons considérer que l'état n'est pas libre et que c'est grâce à cette séparation, entre autres, que chaque citoyen dispose d'une protection effective de ses droits.
Sources :
- La séparation des pouvoirs et l'histoire constitutionnelle française, Troper Michel, Electre 2014
- Droit constitutionnel, Blacher Philippe, LexisNexis 2021