Énoncé
Alfred et Jacqueline après s'être fiancés se séparent, mais elle refuse de restituer la bague de fiançailles appartenant à la grand-mère d'Alfred qu'elle considère être un cadeau.
Jean et Jacqueline veulent se marier et Jean offre à Jacqueline une bague de fiançailles qui appartenait à sa mère. Jean a 19 ans et Jacqueline va avoir 18 ans le 28 mai prochain. Ils ne veulent pas attendre pour se marier, car ils attendent un enfant et souhaitent garder secret leur mariage.
Résolution
I. Le sort de la bague de fiançailles
En droit, les fiançailles constituent une promesse réciproque de mariage qui n'est pas une promesse contractuelle donc n'engage pas les fiancés à se marier de manière absolue. Les fiançailles étant un fait juridique, elles se prouvent par tous moyens. Concernant les cadeaux, ils doivent tous être restitués sauf s'ils ne représentent pas une grande valeur, mais la jurisprudence admet que les bagues de fiançailles mêmes de faible valeur doivent dans tous les cas être restituées lorsqu'il s'agit de bijoux de famille (arrêt 1re chambre civile de la Cour de cassation du 20 juin 1961). La jurisprudence justifie cette décision par le fait qu'un bijou de famille ne peut être consenti qu'au titre d'un prêt à usage dont la durée est adossée à celle de l'union du couple dans un arrêt rendu par la 1re chambre civile le 23 mars 1983.
En l'espèce, la bague offerte par Alfred appartenait à la grand-mère d'Alfred.
En conclusion, lors de la rupture des fiançailles, Jacqueline devait rendre la bague qui est un bijou de famille.
II. Le mariage de Jean et Jacqueline
En l'espèce, deux personnes de 19 et 17 ans veulent se marier, mais sans attendre puisqu'ils attendent un enfant et tout en gardant le secret de leur mariage. Peuvent-ils se marier ? Si oui, leur mariage peut-il rester secret ?
Il faudra étudier les conditions du mariage (A) et les conditions de forme impliquant la publicité du mariage (B).
A. Les conditions de fond du mariage
En droit, l'article 144 du Code civil prévoit que le mariage nécessite un âge minimum de 18 ans accomplis pour être valable. Cependant, l'article 145 prévoit que le Procureur de la République peut faire exception à cette exigence d'âge minimum en cas d'existence de motifs graves tels que la grossesse de la jeune femme par exemple. Ensuite étant un contrat, le mariage nécessite le consentement des deux époux en vertu de l'article 146 du Code civil, ce consentement doit être libre et éclairé. Ensuite, le contrat de mariage ne peut être conclu que si un précédent mariage a bien été dissolu selon l'article 147 du Code civil.
En l'espèce, Jean a 19 ans et Jacqueline a 17 ans, mais est enceinte.
En conclusion, il est possible que le Procureur accepte de déroger à l'âge légal du mariage puisque la jeune femme est enceinte ce qui constitue une dérogation possible permettant le mariage de Jean et Jacqueline.
B. La publicité du mariage
En droit, il existe plusieurs formalités antérieures au mariage : la remise de documents à l'officier d'état civil, pour le mineur il lui faut un acte d'autorisation à se marier. Une audition des mariés peut être prévue pour vérifier l'absence de fraude et de mariage blanc. Enfin, la célébration du mariage doit faire l'objet d'une publicité assurée par un affichage à la mairie du lieu du mariage pendant 10 jours selon les modalités des articles 63 et 64 du Code civil.
En l'espèce, les fiancés veulent "garder secret" leur mariage.
En conclusion, Jean et Jacqueline ne pourront pas garder secret leur mariage qui doit nécessairement faire l'objet d'une publicité.