Cet outil juridique permet également de formuler des arguments percutants sur la base des faits et des éléments de droit recueillis dans le dossier.
La plaidoirie est une étape cruciale pour affiner la stratégie de défense et anticiper les éventuelles objections de la partie adverse, et si sa préparation nécessite du temps, cette durée va principalement varier en fonction de l’expérience de l'orateur.
Identifier les enjeux du dossier
La première étape dans la préparation d’une plaidoirie consiste à analyser, en détail, les éléments du dossier, qu’ils soient factuels ou juridiques, afin de cerner les objectifs à atteindre, et structurer une argumentation efficace, tout en identifiant les points faibles de l’adversaire.
Cette analyse approfondie repose donc sur une parfaite compréhension des faits, des documents présentés et des enjeux juridiques, de sorte que chaque détail du dossier doit être étudié pour anticiper les arguments adverses, en plus d’identifier ceux qui auront le plus d’impact lors de l’audience.
La finalité de cette première étape est de construire une stratégie claire et cohérente pour orienter le déroulement de la plaidoirie. L’avocat doit tout au long de la rédaction garder en tête que son objectif principal est de convaincre le juge de la pertinence de ses arguments, tout en répondant aux attentes de la juridiction.
À ce stade de la construction de la plaidoirie, il peut être judicieux d’organiser les informations en différentes catégories, comme : les faits indiscutables, les points de droit essentiels et les éléments secondaires.
Construire une argumentation solide
Une plaidoirie percutante repose sur une argumentation logique et persuasive, ce qui suppose que chaque argument avancé s’appuie sur des références juridiques précises, à l’instar de textes de loi, de jurisprudences ou de la doctrine.
Chaque point, s’il est étayé par des éléments concrets, permettra de donner du poids à l’argumentation.
La clarté est également primordiale, puisqu’un discours confus ou trop technique risque d’avoir pour effet de perdre l’attention du juge ou des jurés. Le raisonnement doit être accessible tout en conservant sa rigueur juridique.
Afin de faciliter cette clarté, le plan de la plaidoirie doit suivre une structure logique, généralement composée d’une introduction, d’un développement et d’une conclusion.
L’introduction permet de poser le cadre général et de capter l’attention de l’audience, tandis que le développement constitue le cœur de la plaidoirie, en ce qu’il expose les arguments principaux, répond aux objections potentielles et démontrer la solidité du dossier.
Enfin, la conclusion doit être percutante, voire mémorable, et récapituler les points clés afin de laisser une impression durable.
L’utilisation d’exemples concrets dans le cadre de la plaidoirie constitue un atout majeur afin d’illustrer les arguments, notamment par la citation de litiges similaires, permettant de renforcer la crédibilité du discours, tout comme l’utilisation d’images ou de métaphores, dans le but de rendre les propos plus vivants.
Travailler la présentation orale
La qualité d’une plaidoirie repose principalement sur la manière dont elle est présentée.
L’art oratoire est une compétence essentielle pour les avocats, qui leur permet de captiver leur auditoire, notamment en développant une véritable maîtrise de leur voix.
En effet, cette technique joue un rôle crucial, puisque le ton, le rythme et le volume, en étant adaptés, vont permettre de maintenir l’attention.
Une voix monotone ou trop rapide peut nuire à l’efficacité du message, là où un ton posé et dynamique attire l’écoute.
Le langage corporel est également un outil puissant, puisqu’une posture droite, des gestes mesurés et un contact visuel régulier avec le juge ou les jurés témoignent de la confiance de l’orateur, et renforcent son discours, à l’inverse de mouvements excessifs ou d’une attitude fermée.
Enfin, la répétition est un élément essentiel de la préparation, et répéter la plaidoirie à voix haute permet de repérer les passages à améliorer, de s’assurer que le discours est fluide, tout en veillant à respecter le timing, car oui, une plaidoirie efficace est celle qui respecte certaines limites de temps fixé par la juridiction, notamment en fonction de la matière (civile ou pénale) ou de la complexité du dossier.
Chaque minute compte, l’orateur doit ainsi veiller à écarter les détails inutiles, en hiérarchisant ses arguments pour mettre l’accent sur ceux essentiels, afin de maintenir l’équilibre entre concision et exhaustivité.
Anticiper : les questions du juge le stress et les imprévus
Une bonne préparation permet in fine d’anticiper les éventuelles questions du magistrat. Par conséquent, si l’avocat connaît son dossier dans les moindres détails, il lui est possible de répondre avec assurance, renforçant de fait sa crédibilité, puisque les questions soulevées par le juge sont souvent révélatrices des points qui nécessitent des éclaircissements. Une réponse claire, concise et argumentée, peut faire toute la différence dans l’appréciation finale du dossier.
Composante inévitable de la plaidoirie, le stress doit figurer parmi les éléments à prendre en considération lors de la préparation du dossier. Toutefois, avec entraînement et pratique, il peut être maîtrisé, notamment en adoptant une respiration profonde et en répétant son discours, pour être préparé au mieux.
Les imprévus sont également une composante de la plaidoirie, notamment les suspensions ou les questions inattendues, qui doivent être gérées avec sans froid, l’important étant de rester concentré et de ne pas se laisser déstabiliser.
Références :
- Code de procédure civile ;
- « Introduction au droit », Muriel Fabre-Magnan, 2022 ;
- « Bonnes pratiques pour une plaidoirie réussie », Sophie Lemaître, 20222 publié sur Village de la Justice.