Par ailleurs, le contrat de vente est réputé être formé dès l’existence d’un accord des parties sur la chose et sur le prix. Il s’agit là de deux éléments essentiels auxquels il ne peut être dérogé. Toutefois, certains consommateurs profanes peuvent être amenés à contracter en l’absence de ces deux éléments. C’est pourquoi des mécanismes de protection s’offrent alors à eux que la vente soit conclue à distance ou non. En ce qui concerne la vente à distance, c’est-à-dire « Dans un lieu qui n'est pas celui où le professionnel exerce son activité en permanence ou de manière habituelle, en la présence physique simultanée des parties, y compris à la suite d'une sollicitation ou d'une offre faite par le consommateur » comme défini à l’article L221-1 du Code de la consommation, le consommateur est d’autant plus protégé…
Énoncé
En février 2020, Mario, passionné de voitures et de courses sur circuit, décide de commander sur internet un nouveau véhicule de la marque KART.
Mario repère un super modèle dont le prix affiché sans options est à 22 000 €. Toutefois, passionné de vitesse et de tunning, Mario sélectionne plusieurs options et les ajoute à son véhicule. Au moment de la finalisation de la commande, ni le prix des options ni le prix final ne sont affichés, mais Mario ne s’inquiète pas pour autant pensant que le prix final ne sera pas beaucoup plus élevé. Ainsi, Mario confirme sa commande et signe électroniquement son contrat de vente. La livraison étant prévue quatre mois plus tard, il opte pour un paiement différé à la livraison, ce qui lui permettra notamment de rassembler les dernières sommes nécessaires à l’achat du véhicule.
En juin 2020, le vendeur téléphone à Mario pour lui indiquer que son véhicule est prêt à être récupéré et que le montant total à devoir avec les options se chiffre à 36 000€ ! Mario est très embêté, car il ne s’attendait pas à une telle somme. De surcroît, il sort d’une longue période de chômage partiel due à la crise du COVID-19, ses finances sont au plus bas.
Mario est désemparé, il n’est pas en mesure de payer une telle somme. C’est pourquoi il aimerait savoir s’il existe une solution lui permettant de se défaire de son engagement.
Que lui conseillez-vous ?
Corrigé
I. Sur l’obligation de détermination du prix de vente
En l’espèce, l’acheteur a conclu un contrat de vente sur une chose déterminée sans en connaître le prix définitif à l’avance.
Toutefois, l’article 1591 du Code civil dispose que « Le prix de la vente doit être déterminé et désigné par les parties » Ainsi, le prix de vente doit être déterminé ou déterminable tel que l’a également admis la Cour de cassation « (…) il suffit, pour la formation de la vente, que le prix puisse être déterminé, en vertu des clauses du contrat, par voie de relation avec des événements qui ne dépendent plus de la volonté, ni de l’une ni de l’autre des parties » (Cass. req., 7 janv. 1925, GAJ civ., t. 2, Dalloz, n 260). En d’autres termes, si le prix n’est pas déterminé au jour de la signature du contrat, il doit être déterminable par un autre moyen que la volonté des parties.
Mario a signé un contrat de vente sans que le prix ne soit déterminé à l’avance. Son contrat de vente ne semble pas contenir de clause de détermination de prix, le prix n’est donc pas non plus déterminable. Dans une telle situation, la sanction est la nullité du contrat. Le consentement de Mario n’était pas éclairé puisqu’il méconnaissait l’un des éléments essentiels du contrat : le prix !
Mario est donc totalement fondé à solliciter la nullité du contrat. Cependant, une autre possibilité s’offre à lui …
II. Sur le délai de rétractation lié à la vente à distance
L’acheteur a contracté sur internet c’est-à-dire à distance, il s’agit alors d’un contrat conclu hors établissement. Dans une telle situation, l’article L221-18 du Code de la consommation dispose que :
« Le consommateur dispose d'un délai de quatorze jours pour exercer son droit de rétractation d'un contrat conclu à distance, à la suite d'un démarchage téléphonique ou hors établissement, sans avoir à motiver sa décision ni à supporter d'autres coûts que ceux prévus aux articles L. 221-23 à L. 221-25.
Le délai mentionné au premier alinéa court à compter du jour :
1° De la conclusion du contrat, pour les contrats de prestation de services et ceux mentionnés à l'article L. 221-4 ;
2° De la réception du bien par le consommateur ou un tiers, autre que le transporteur, désigné par lui, pour les contrats de vente de biens. Pour les contrats conclus hors établissement, le consommateur peut exercer son droit de rétractation à compter de la conclusion du contrat.
Dans le cas d'une commande portant sur plusieurs biens livrés séparément ou dans le cas d'une commande d'un bien composé de lots ou de pièces multiples dont la livraison est échelonnée sur une période définie, le délai court à compter de la réception du dernier bien ou lot ou de la dernière pièce.
Pour les contrats prévoyant la livraison régulière de biens pendant une période définie, le délai court à compter de la réception du premier bien ».
Finalement, Mario dispose de 14 jours à compter de la réception de son véhicule pour changer d’avis auprès du vendeur sans qu’il n’ait à donner de raison. Il suffit simplement de l’en informer en respectant le formalisme prévu aux conditions générales de vente du vendeur.
Mario dispose alors de deux arguments à faire valoir afin d’échapper au paiement de son véhicule et revenir sur sa décision de l’acquérir.
Il lui suffira de saisir le juge afin de solliciter la nullité de la vente pour défaut de détermination du prix avant la conclusion du contrat de vente ou tout simplement de se rétracter de son achat en informant le vendeur.
Toutefois, il est conseillé à Mario d’utiliser la seconde hypothèse qui demeure être plus simple et rapide.