Cette élection est l’occasion pour nous de revenir sur les rôles tenus par le Premier ministre britannique. Enfin, qui est-elle ? Quelles sont ses positions politiques ? Décryptage.
Les prérogatives du Premier ministre britannique
Pour débuter, il est important de retenir que le Royaume-Uni ne dispose d’aucun texte suprême écrit qui prévoirait explicitement les pouvoirs revenant à chacun des corps exécutif et législatif. Il s’agit en vérité d’un ensemble de textes écrits mais aussi de conventions non compris dans un texte unique disposant d’un telle nature. De ce fait, la répartition des pouvoirs entre ces deux corps n’est pas précisément prévue. Toutefois il nous faut maintenant retenir que cette répartition se fonde, d’une certaine manière, sur le principe de la souveraineté du Parlement britannique. A quoi renvoie cette notion ? Sans entrer pleinement dans les détails, il est intéressant de comprendre que les parlementaires britanniques pourraient tout à fait décider, par la voie législative, de reprendre certains pouvoirs qui, jusqu’à maintenant, étaient exercés par le pouvoir exécutif. Ceux-ci devraient être soumis à une approbation parlementaire qui prendrait finalement la forme d’une loi écrite.
Chef du gouvernement
Le Premier ministre est à la tête du pouvoir exécutif britannique, il est ainsi le Chef du gouvernement. Cette fonction fit l’objet d’une création intervenue de manière progressive, elle-même marquée par l’instauration et la mise en œuvre du parlementarisme. De la sorte, les pouvoirs politiques autrefois détenus et exercés par le roi ont été progressivement délégués au profit du Parlement.
Le Premier ministre est en vérité nommé par le monarque, et il lui reviendra finalement de choisir l’ensemble des membres du cabinet qui l’accompagneront dans ses tâches. Ils seront également responsables de manière collective devant les membres du Parlement.
Parce que la constitution en vigueur au Royaume-Uni est somme toute particulière, l’on comprend mieux que cette fonction mais aussi les pouvoirs qui en découlent sont issus d’un processus historique lui aussi particulier. L’ensemble des relations entretenues par le Premier ministre avec les autres acteurs du jeu politique britannique, c’est-à-dire le monarque, le Parlement composé de la Chambre des Lords et de la Chambre des Communes, et le cabinet, sont prévues par des conventions de nature constitutionnelles mais ne sont pas inscrites au sein d’un document unique.
Dans les faits, depuis 1902 il revient au monarque de choisir le chef du parti politique disposant de la confiance du Parlement et plus précisément de la chambre basse, à savoir : la Chambre des communes. Il pourra aussi s’agir du chef de la coalition qui dispose de cette même confiance. Avant 1902, il était tout à fait possible pour le monarque de choisir un membre de la chambre haute du Parlement, la Chambre des Lords. Or depuis cette date, le Premier ministre fut toujours choisi parmi les membres de la chambre basse et ce principe ne fut pas remis en cause.
Dès lors qu’un nouveau Premier ministre est appelé à entrer en fonction, le Premier ministre précédant présente sa démission au monarque. L’entrée en fonction d’un nouveau Premier ministre intervient dans deux cas de figures : lorsque des élections législatives résultent sur un changement de majorité commandant alors le choix d’un nouveau Premier ministre, ou bien lorsqu’un Premier ministre démissionne, comme ce fut le cas pour Boris Johnson. Par conséquent, le monarque demandera au nouveau Premier ministre de former un nouveau gouvernement. Il revient ensuite au monarque de nommer les membres du gouvernement. Certains membres sont par ailleurs plus importants que d’autres et siègent donc au sein du cabinet qui constitue, dans les faits, un organe décisionnel et collectif propre au pouvoir exécutif britannique.
Au titre des prérogatives revenant au Premier ministre, celui-ci doit orienter et coordonner les politiques du cabinet ainsi que l’action des secrétaires d’Etat et des hauts fonctionnaires britanniques. Une précision s’impose à nous : même si le monarque demeure actuellement le chef d’Etat, il n’en reste pas moins qu’un certain nombre de ses prérogatives en la matière sont exercées, non par le monarque personnellement, mais par ses ministres. Il en est par exemple le cas dans le cadre de ses pouvoirs de nomination, effectuées après avoir été conseillé par le Premier ministre.
Au sein de la chambre basse du Parlement, le Premier ministre dispose également de pouvoirs importants en ce qu’il procède à la coordination du processus législatif aux côtés du ministre chargé des relations avec la Chambre des communes ainsi que des whips, qui sont des parlementaires chargés de vérifier que les élus du parti majoritaire dans l’assemblée votent effectivement en respectant les consignes énoncées par ledit parti. Cette coordination du processus législatif est primordiale afin que le programme du gouvernement soit finalement adopté, puis mis en application.
Qui est Liz Truss ?
Liz Truss succède à Boris Johnson qui avait démissionné l’été dernier. Elle fut élue par les adhérents du parti conservateur britannique et fut propulsée au rang de troisième Première ministre. D’abord directrice commerciale dans le secteur privé, Liz Truss, qui a grandi dans une famille de gauche, s’est ensuite lancée en politique en accédant à un mandat de conseillère locale dans le sud de Londres, puis députée et est finalement entrée au sein du gouvernement britannique en 2012 où elle tint un certain nombre de postes.
Conservatrice, Liz Truss assure avoir pour modèle l’ancienne Première ministre, Margaret Thatcher. Les idées de l’ancienne Dame de fer sont reprises par la nouvelle Première ministre, notamment la réduction des impôts ; elle prône également le libre-échange.
D’abord farouchement opposée au Brexit à l’occasion du référendum organisé en 2016, la nouvelle Première ministre a déclaré par la suite qu’elle regrette ses positions passées, le Brexit constituant pour cette dernière de réelles opportunités sur le plan économique pour le Royaume-Uni. Elle tint l’un des rôles clés à l’occasion des négociations de sortie du pays de l’Union européenne, notamment en matière commerciale. Soutien inconditionnel de Boris Johnson, même lorsque celui-ci était pris dans une série de scandales qui ont ébranlé le pouvoir exécutif britannique, elle affirma son soutien sur les positions de l’ancien Premier ministre, relatives aux sanctions économiques à l’encontre de la Russie, suite à l’invasion injustifiée de l’Ukraine.
Références
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-comment-ailleurs/c-est-comment-ailleurs-le-premier-ministre-en-grande-bretagne_2161900.html
https://fr.news.yahoo.com/qui-est-liz-truss-nouvelle-premiere-ministre-britannique-114020214.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAIjXQeQZMT5qlsbloZ6d8r3mfhUrtnVqk0n2pMB6oY_CnvnicgoHJDeDR338KRPgDCgwpn7_U8lJA-HThu3HfH7giXLVZgUNZDOCsoLFO0alzxKx7kjal1x3xJgWgNt5C7xmkQVgt0Xyp1qfJAr0-4J0D3lIdprlT_97MQDMsfWk
https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/pouvoir-executif-et-pouvoir-legislatif-au-royaume-unihttps://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/pouvoir-executif-et-pouvoir-legislatif-au-royaume-uni
https://www.bbc.com/afrique/articles/cydeeg42174o