Une libération attendue 

Incarcéré au Groenland depuis plus de 5 mois, et suite au refus du gouvernement danois d’accéder à la demande d’extradition formulée par les autorités nippones, Paul Watson est maintenant libre.  

Sans revenir dans le détail sur les raisons de son arrestation en juillet dernier, celles-ci ayant été précisées dans un précédent article, il nous faut néanmoins rappeler que le défenseur des baleines, Paul Watson, est incarcéré au Groenland depuis le 21 juillet 2024. Il était alors sur le point de quitter ce territoire pour empêcher les baleiniers japonais de poursuivre leur chasse à la baleine dans le Pacifique. Suite à l’émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre, les autorités groenlandaises l’ont appliquée en procédant à son arrestation. Les autorités nippones ont pris cette décision concernant des faits qui remontent précisément à 2010. 

Depuis 2024, la question principale et la plus inquiétante pour les défenseurs de Paul Watson était de savoir si celui-ci allait effectivement être remplacé extradé au Japon; il avait par ailleurs été question de nombreuses pressions politiques et diplomatiques à son sujet. Paul Watson risquait 15 ans de prison pour les faits qui lui étaient reprochés. Ce dernier fut finalement libéré le 17 décembre 2024.

 

Pourquoi a-t-il été libéré ?

Peter Hummelgaard, le ministre danois de la justice, a précisé dans un communiqué publié que la décision finalement prise, outre sa nature politique, se fonde sur une « évaluation globale » des faits concernés. Plus précisément, il faut rappeler que le ministre danois aux affaires étrangères, demanda au Japon s’il était envisagé de déduire de la peine possiblement prononcée, par les autorités judiciaires nippones, la durée de la détention de Paul Watson au Groenland si le Danemark accéder à la demande d’extradition ainsi formulée.  

La réponse à cette question était d’une importance particulière pour le ministre danois de la justice en ce que cette durée de détention devait, pour les autorités danoises, être nécessairement déduite de la peine potentiellement prononcée. À cela cependant, il fut impossible de « supposer » que tel serait le cas « avec le degré de certitude nécessaire ». Ce doute, additionné au caractère ancien des faits, a suffi aux autorités danoises pour refuser l’extradition de l’activiste. 

Paul Watson vit néanmoins la détention dont il fit l’objet être prolongée à 6 reprises; et il essuya 4 rejets de recours. Les autorités danoises s’en défendent et précisent que l’affaire mit du temps à être bouclée du fait de « l’intérêt public » que celle-ci suscita. 

L’ancien ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray (2013-2018), et un des avocats l’écologiste, s’est félicité de cette décision. Il a ajouté que Paul Watson pourra de nouveau reprendre le combat qui est le sien, à savoir celui du respect de la nature, et qu’enfin ce combat est notamment mené pour « l’humanité et la justice ». Et celui-ci de clore sur la déclaration suivante : les autorités nippones ont tenté de « faire taire un homme dont le seul crime est d’avoir dénoncé l’illégalité [de ce] massacre industriel déguisé en recherche scientifique ».

 

Une décision « regrettable »

Par sa décision de refuser d’accéder la demande d’extradition formulée par le Japon, le Danemark fut critiquée par les autorités nippones qui ont qualifié cette décision de « regrettable ». Cet État recherchait l’arrestation de Paul Watson depuis plus de 10 ans maintenant et souhaitait le juger pour différents chefs d’accusation, notamment « obstruction forcée au commerce », mais aussi « intrusion dans un navire », alors que Paul Watson harcelait des baleiniers japonais dans le but de les empêcher de chasser la baleine. Au moment des faits reprochés, en février 2010, le Japon arguait que les baleines étaient chassées dans un dessein strictement scientifique et non dans un but commercial. Cet argument était toutefois réfuté par l’organisation Sea Shepherd. Dans tous les cas, les autorités japonaises reprochaient à Paul Watson d’être le chef de fil des opérations qu’elles dénoncent depuis lors. Selon ces dernières, Paul Watson a été l’instigateur du « sabotage » : en effet, il aurait participé à la planification et à la conspiration de Ce sabotage contre les baleiniers nippons présents à cette période dans les eaux de l’Antarctique. Elles lui  reprochaient d’avoir lancé des bombes d’acide butyrique qui auraient causé des brûlures au visage d’un des matelots nippon sur un des baleiniers (ce produit est cependant inoffensif). 

 

Un retour en France tant attendu

Quelques jours après le refus de accéder à la demande d’extradition de Paul Watson, ce dernier est finalement arrivé en France ce vendredi 20 décembre 2024 où il pourra donc fêter la fin d’année avec sa femme et ses enfants. Ils vivent en effet sur le territoire français depuis maintenant un an. Ce dernier a déclaré qu’il n’avait « qu’une hâte, c’est d’être avec eux ». 

La France semble jouer un rôle dans la protection des baleines et dans la lutte contre leur chasse. Rappelez-vous il y a maintenant 10 ans, des demandes avaient été formulées par des défenseurs de Paul Watson, dont Nicolas Hulot, proche de ce dernier et notamment ancien ministre de la transition écologique entre 2017 et 2018, afin que l’écologiste soit accueilli sur le territoire et alors qu’il était activement recherché. Par ailleurs, suite à la décision prise par le Danemark, le Quai d’Orsay n’a pas étendu pour s’exprimer à ce sujet et a déclaré lui souhaiter « un bon retour auprès de ses proches » en France. Également, la diplomatie française précisa que le pays « continuera d’agir pour la protection des océans ». Agnès Pannier-Runacher, ministre démissionnaire de la transition écologique, s’exclama ainsi sur le réseau social X « quel soulagement ! »  avant d’ajouter que « la mobilisation collective a payé », soulignant les efforts sans faille des soutiens de Paul Watson, et de conclure ainsi : « c’est votre victoire à tous ! » 

 

Références

https://www.liberation.fr/international/asie-pacifique/paul-watson-libere-le-japon-ne-renonce-pas-a-poursuivre-le-defenseur-des-baleines-20241218_LQHJQKCILZGUTAKYJVYVH4S2IE/

https://www.justitsministeriet.dk/pressemeddelelse/the-danish-ministry-of-justice-has-decided-not-to-fulfil-the-request-by-the-authorities-of-japan-for-extradition-of-paul-watson/

https://www.ouest-france.fr/environnement/le-japon-juge-regrettable-la-liberation-du-militant-ecologiste-paul-watson-c2dbe7f2-bd91-11ef-b5d6-7870d96100f5

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/le-militant-ecologiste-paul-watson-est-arrive-en-france_6967247.html