Quels sont les motifs de l’arrestation du fondateur de Telegram ?

Une information judiciaire a été ouverte en France à l’encontre de Pavel Durov, milliardaire franco-russe et fondateur de Telegram ; celui-ci fut arrêté à l’aéroport du Bourget, samedi 24 août 2024 alors que son jet privé venait d’y atterrir et alors que l’homme d’affaires était attendu dans la capitale pour y passer la soirée. Sa garde à vue fut prolongée jusqu’au mercredi 28 août et l’enquête fut remise entre les mains du C3N (le centre de lutte contre les criminalités numériques) et l’Onaf (l’office national anti-fraude). 


12 motifs ont été retenus, motifs parmi lesquels l’on retrouve notamment la complicité de détention de pédopornographie ou encore refus de collaborer avec les autorités dans le cadre d’enquêtes. En effet, il fut précisé à l’issue de son interpellation que le milliardaire est accusé de complicité de détention d’image à caractère pédopornographique, d’escroquerie en bande organisée, ou encore de blanchiment de crime. 

Quid du motif de refus de collaborer avec les autorités ? La lecture des motifs retenus renseigne sur la longue liste d’infractions possiblement commises et qui lui sont reprochées : parmi ces motifs, il est notamment reproché au fondateur de Telegram de ne pas avoir communiqué l’ensemble des informations ou bien des documents « nécessaires pour la réalisation et l’exploitation des interceptions autorisés par la loi ». Autrement dit, il est reproché à Pavel Durov de ne pas avoir collaboré avec les autorités françaises compétentes dans le cadre particulier d’enquêtes. 

Ces précisions ont été apportées près de 48 heures après l’arrestation du fondateur de Telegram par le parquet de Paris, lundi 26 août. Cette arrestation intervient alors que le 8 juillet dernier, une information judiciaire a été ouverte « contre personne non dénommée » et faisant suite à la mise en œuvre d’une enquête préliminaire qui a été diligentée par le parquet de Paris. 

A l’annonce de cette arrestation, de vives critiques ont été portées contre la France et le Chef de l’Etat, dans un tweet publié en début de semaine a dû préciser que cette arrestation ne constituait en rien « une décision politique » et qu’elle s’inscrit dans tous les cas « dans le cadre d’une enquête judiciaire en cours. »


Un mandat de recherche dont faisait l’objet le milliardaire franco-russe

Un mandat de recherche avait été émis par l’Ofmin, l’office mineurs dont la mission principale est de lutter contre les violences faites à l’encontre de mineurs, à l’encontre de Pavel Durov. 

Il est reproché à Telegram et à son fondateur, par les enquêteurs français, que la modération des contenus fait défaut et qu’il ne collabore pas avec les enquêteurs. Plus spécifiquement, il est reproché à Telegram de ne pas mettre en œuvre les obligations qui sont les siennes concernant les emplois délictuels de cette messagerie par ses utilisateurs. En effet, certains groupes de discussions peuvent rassembler jusqu’à plus de 200 000 individus et la messagerie est considérée dans bien des cas, de plus en plus nombreux, de participer activement à la propagation de fake news mais également la propagation importante de contenus à caractère illégal, à l’image de contenus terroristes ou bien encore pédophiles. 

A l’annonce de cette arrestation, de vives critiques ont été portées contre la France. Ainsi, par exemple, l’actuel propriétaire de X (anciennement Twitter) Elon Musk s’est offusqué de cette arrestation et a pu lancer l’hashtag « #FreePavel ». Le milliardaire n’est pas non en odeur de sainteté auprès des autorités européennes du fait de manquements qui lui sont reprochés concernant la modération des contenus publiés. Selon Robert F. Kennedy Jr, homme politique américain et fervent soutien du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, a considéré que « la nécessité de protéger la liberté d’expression n’a jamais été aussi urgente ». Les autorités russes se sont également emparées du dossier, comme à son habitude dès lors qu’un ressortissant russe est détenu en territoire étranger.

Ces critiques ont amené le Chef de l’Etat à réagir. Dans un tweet publié en début de semaine, il a en effet dû préciser que cette arrestation ne constituait en rien « une décision politique » et qu’elle s’inscrit dans tous les cas « dans le cadre d’une enquête judiciaire en cours. » 

Les enquêteurs se sont pour leur part félicité de cette arrestation qui reste pour le moins énigmatique par rapport au fait que Pavel Durov faisait l’objet de ce mandat de recherche et qu’il s’avait qu’il lui était nécessaire d’être particulièrement prudent quant à ses déplacements. Sous ce rapport, une source proche du dossier a pu déclarer qu’il s’agissait là « peut-être [d’un] sentiment d’impunité [chez le milliardaire franco-russe]. » 

Telegram, une messagerie en ligne dont les informations sont tenues secrètes

Pour la petite histoire, cette messagerie fut créée par Pavel et Nikolaï Durov en 2013, tous deux empreints d’une volonté de se démarquer des plateformes traditionnelles et américaines. Il est intéressant de noter que les communications entre les utilisateurs de la plateforme sont intégralement chiffrées. Aussi, Telegram s’est engagée à ne communiquer aucune information personnelle de ses utilisateurs à qui que ce soit, fournissant pour certains d’entre eux des garanties et un lieu sûr pour vaquer à des occupations proches de l’illégalité ou qui la méconnaissent entièrement - comme ce qui est reproché à son fondateur…

Telegram est installé à Dubai, émirat reconnu comme étant propice aux affaires mais surtout neutre, comme a pu le déclarer Pavel Durov en avril dernier. Aussi, le choix de cet émirat pour y installer cette messagerie se comprend à l’aune de règles plus libérales que celles applicables aussi bien aux Etats-Unis qu’au sein de l’Union européenne concernant par exemple la suppression de tout contenu illégal…